Pendant longtemps, la littérature des femmes a subi une forme occulte et insidieuse de censure?: le silence. Il fut parfois la sanction d’une société machiste et restrictive, d’autres fois le résultat d’une autocensure, d’une retenue, d’une intériorisation de tabous par les femmes elles-mêmes. Aujourd’hui qu’elles sont actives dans toutes les sphères de la vie littéraire, à une époque où le «?génie?» d’un écrivain n’est plus (ou presque plus) considéré comme l’apanage du sexe masculin, il est grand temps de redonner une place aux oubliées de la littérature. Injustices à réparer, malentendus à dissiper, jugements à réviser, zones d’ombre à éclairer: il entre un peu de tout cela chez nos auteures du silence.
Le présent ouvrage tente de faire réentendre la voix de onze d’entre elles, qui proviennent de la France?: Thérèse Bentzon (1840-1907), Jane de la Vaudère (1857-1908), Marcelle Tinayre (1870-1948), Judith Cladel (1873-1958), Lucie Delarue-Mardrus (1874-1945), Valentine de Saint-Point (1875-1953), Mireille Havet (1898-1932)?; de la Suisse romande?: Catherine Colomb (1892-1965) et du Canada français?: Julie Bruneau-Papineau (1795-1865), Éva Circé-Côté (1871-1949), Adrienne Maillet (1887-1973). Plutôt qu’une simple réhabilitation, qui ne profiterait qu’à quelques noms sortis de l’ombre, cette redécouverte contribue à enrichir la littérature générale. Car comme l’affirme Béatrice Didier dans l’avant-propos?: «?La libération de l’écriture des femmes, c’est aussi la libération de l’écriture des hommes.?»
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